Comédie suréaliste:
Richard Lester

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3
On 4 août 2011
Last modified:27 octobre 2017

Summary:

A la limite de l'expérimental. Visuellement très réussi, interprété avec talent, le film est une jolie curiosité et un véritable porte drapeau de l'absurde.

A la limite de l’expérimental. Visuellement très réussi, interprété avec talent, le film est une jolie curiosité et un véritable porte drapeau de l’absurde.

The bed sitting room (1963)

The Bed Sitting Room (1969)

(L’ultime garçonnière)

Réalisé par Richard Lester

Ecrit par John Antrobus et Charles Wood d’après la pièce de Spike Milligan et John Antrobus

Avec Ralph Richardson, Peter Cook, Dudley Moore, Spike Milligan, Arthur Lowe, Harry Secombe, Marty Feldman, Rita Tushingham,…

Directeur de la photographie : David Watkin

Produit par Oscar Lewenstein et Richard Lester pour UA

Durée 90 mn

Comédie

UK

« The bed sitting room » se déroule dans un Londres post apocalyptique fait de décharges et de paysages éclatés. Seulement une vingtaine de personnes auraient survécu à ce que les personnages appellent « un malentendu » ou encore un « malheureux incident ». Mme Ethel Sroake est couronnée reine d’Angleterre parce qu’en tant qu’ancienne femme de chambre de la Reine, elle est ce qu’il reste de plus proche de la Royauté. Lord Fortnum attend pour sa part sa transformation imminente en chambre à coucher (apparemment un effet secondaire des radiations!). Pendant ce temps, Pénélope, en sainte de sept mois, et ses parents, ayant mangé toutes les barres de chocolat des distributeurs de la ligne de métro Circle line, décident de quitter leur havre de paix, et de récupérer leurs bagages. Toutes les grandes industries de l’ancien monde se résument désormais à une seule personne : un pauvre type pédale à longueur de journée pour fournir l’électricité, la BBC est représenté par un homme qui passe de maison en maison fournir les dernières nouvelles dans des cadres de postes de télévision éventrées, un fou en blouse blanche incarne l’entier système de santé britannique,…. La sécurité est assurée par deux pèquenauds en imper et chapeau melon qui survolent le territoire en ballon et crient sur ceux qui auront l’impudence de s’arrêter de circuler.

Dans sa collection Flipside, le British Film Institute propose quelques perles oubliées du cinéma anglais des années 50 à 70. Comme souvent avec le BFI, les éditions sont luxueuses avec de nombreux suppléments et un petit livret très bien fichu.

Premier film publié dans la collection, « The Bed sitting room » méritait-il cet honneur?

En fait « The bed sitting room » n’aurait jamais dû voir le jour. Un autre projet de Richard Lester, LE cinéaste des swinging sixties, étant tombé à l’eau, UA se retrouvait avec un million de dollar qu’ils avaient promis d’investir sur un film anglais. Lester ayant derrière lui un historique de succès commerciaux, et le casting comptant une pléthore de grands noms de la comédie anglaise, UA n’a pas pris la peine de regarder de trop près le scénario, ni rechigné à laisser à Richard Lester le final cut. Mal leur en a pris. Tourné en 1968, le film est livré au studio la même année. En plein milieu de la projection, l’un des producteurs se serait écrié : « Mais combien de temps va encore durer cette merde? ». Le film restera un an sur les étagères avant de sortir en catimini sur les écrans au début de 1970.

Richard Lester, le réalisateur, est connu pour une poignée de films qui ont donné le ton des films anglais des swinging sixties : les Beatlesiens « A Hard day’s night / Quatre garçons dans le vent » (1964) et « Help » (1965), la comédie « The knack and how to get it » / « Le knack et comment l’avoir » (1965) ou encore la satire anti-militaire « How I won the war » (1967).

Dans cette liste de films gentiment déjantés, « The bed sitting room » fait figure d’ovni.

Guère étonnant quand on sait que derrière le film se trouve une pièce co-écrite par Spike Milligan qui a révolutionné l’humour anglais presque vingt ans plus tôt en tant que membre du trio du Goon Show (avec Peter Sellers et Harry Secombe), trio qui a officié sur les ondes de la BBC de 1951 à 1960, et a influencé aussi bien les Beatles que les Monty Pythons.

Mais le film est il vraiment drôle? Richard Lester l’avouera lui même : « C’est un film triste… Plus on est surréaliste, plus bizarres sont les images, et plus je pense qu’on doit rester concentré et éviter tout gag facile. Et à force de les maintenir à distance, je ne suis plus capable de dire si le film est drôle. »

En effet, le film est à la limite de l’expérimental. Visuellement très réussi, interprété avec talent, le film est une jolie curiosité et un véritable porte drapeau de l’absurde. Pas d’histoire, des dialogues sans queue ni tête… On est d’ailleurs bien plus proche de Beckett que des Monty Pythons (qui sont du coup presque trop sages en comparaison) !

Combo DVD/Blu-ray British Film Institute. Collection BFI Flipside.
Bonus : trois interviews de 1967 avec Richard Lester, Spike Milligan et Peter Cook.
Trailer original. Livret de 20 pages
Audio en anglais. Sous titres anglais.