Review of: Naked (1993)
Comédie dramatique:
Mike Leigh

Reviewed by:
Rating:
4
On 10 décembre 2011
Last modified:9 février 2018

Summary:

Très sombre, mais également parfois hilarant, "Naked" (1993) est un film audacieux sur un marginal, idéaliste frustré, qui se venge sur lui et les femmes.

Très sombre, mais également parfois hilarant, « Naked » (1993) est un film audacieux sur un marginal, idéaliste frustré, qui se venge sur lui et les femmes.

"Naked" Mike Leigh

Naked (1993)

Réalisé et écrit par Mike Leigh

Avec David Thewlis, Lesley Sharp,Katrin Cartlidge, Greg Cruttwell, Claire Skinner et Peter Wight, Ewen Bremner, Gina McKee,…

Directeur de la photographie : Dick Pope

Produit par Thin Man Films, British Screen Productions, Channel Four Films

Comédie dramatique

131 mn

UK

Johnny (David Thewlis) est un paumé, un looser qui fuit soudainement sa ville de Manchester après avoir violé une femme dans une ruelle sombre. Il se retrouve à Londres où il va se réfugier chez son ex. Là il commence une aventure avec sa co-locataire, Sophie, mais quand celle-ci tombe amoureuse, il prend la fuite et part en vadrouille dans les rues de Londres.

Jonny est un idéaliste frustré qui aurait probablement pu réussir de grandes choses s’il avait été mis sur les rails de la vie d’une façon appropriée, mais qui a sombré dans une tempête de frustration qu’il apaise par une violence non contenue contre lui même et surtout contre les femmes.

De fait, « Naked » ne suit pas seulement la trajectoire d’un marginal, mais met en scène également une galerie de portraits de femmes maltraitées par les hommes.  Le double maléfique de Johnny, Jeremy, serial killer probable, est pour sa part vide de tout idéalisme (même frustré), mais se complaît dans une inhumanité et une violence sauvage sans limite.

Johnny, qui épanche son trop plein d’idéalisme en se moquant des autres et de leurs sentiments via de véritables diatribes philosophico-théologiques sur l’inanité de l’existence et la fin du monde qui interdit toute possibilité de futur, finira par subir le retour de bâton ou plutôt du boomerang (comme celui qui apparaît judicieusement au début du film) quand la violence – qu’il n’est pas le dernier à faire subir – se retournera contre lui.

Le Londres filmé par Mike Leigh est particulièrement sombre. Noirceur renforcée par la palette de nuances grises qui définit le ton du film et exclue toute couleur.

Comme souvent chez Mike Leigh, l’humour n’est jamais loin du drame (Mike Leigh ne peut imaginer l’un sans l’autre) et il y a des moments proprement hilarants, notamment sa rencontre avec un jeune Ecossais, qui souffre de tics, et recherche sa copine (« Maggie ! ») depuis plusieurs heures.

Si d’autres séquences, comme celle de la rencontre avec le veilleur de nuit Gary (et le monologue sans fin qui s’ensuit), peuvent paraître un peu longuettes, Mike Leigh réussit à trouver un équilibre à son film audacieux, toujours au bord de la rupture. Succès dû à la complexité des relations psychologiques qui se nouent entre les personnages et merveilleusement mise en valeur par une interprétation de très grande qualité.

Mike Leigh est un réalisateur qui aime et fait participer ses acteurs à la construction du film, et la complicité et la confiance mutuelle qu’il arrive à établir entre lui et son casting, lui a valu ses plus grands succès publics et critiques.

DVD MK2. Version originale sous titrée et version française.