Horreur:
Nicolas Roeg

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4
On 16 janvier 2013
Last modified:10 mars 2019

Summary:

Un film d'angoisse très efficace dans une Venise décatie avec un Donald Sutherland parfait dans le rôle d'un père à la dérive suite à la mort de sa fille.

Un film d’angoisse très efficace dans une Venise décatie avec un Donald Sutherland parfait dans le rôle d’un père à la dérive suite à la mort de sa fille.
Don't look now de Nicolas Roeg

Don’t look now (1973)

(Ne vous retournez pas)

Réalisé par Nicolas Roeg

Ecrit par Allan Scott et Chris Bryant d’après une nouvelle de Daphne du Maurier

Avec Julie Christie, Donald Sutherland,…

Directeur de la photographie : Anthony B. Richmond

Musique : Pino Donaggio

Produit par Peter Katz

Drame / horreur

110 mn

UK / Italie

Un couple John (Donald Sutherland) et Laura (Julie Christie) tente de se remettre péniblement de la mort de leur fille. Le mari John, qui rénove des églises, accepte une mission à Venise. Mais le couple croise deux soeurs, l’une aveugle et qui prétend avoir des dons de médium. Elle confie à Laura qu’elle peut rentrer en contact avec leur fille, et que celle-ci tente de les avertir qu’ils courent un grand danger s’ils restent à Venise.

Affiche Don't look now« Don’t look now » est une oeuvre marquante pour tous les amateurs de film d’angoisse car il dégage une ambiance très particulière et parfaitement maîtrisée.  Il commence avec le cauchemar ultime de tout parent (la mort d’un enfant) et reste centré autour de ce couple endeuillé mais qui tente de survivre à l’impossible. Sans non plus tomber dans le pathos, le film montre comment l’un devient une béquille pour l’autre, et que la fragilité et la douleur extrêmes éprouvées par ces parents menace à tout moment de dégénérer en folie.

Le film profite des décors de Venise dont le réalisateur Nicolas Roeg ne montre quasiment que le côté décati, sombre et labyrinthique, et où rode un meurtrier. Bref une ville  de danger.

Sur de nombreux points « Dont look now » est un film réminiscent du  « Rosemary’s baby » (1968) de Polanski. Un couple en dérive, une rencontre avec un ou des personnages tiers aux pouvoirs surnaturels (ou non) qui fait basculer l’histoire, l’usage extrêmement travaillé de la bande sonore et de la musique (ici signée par Pino Donnagio dont c’est la première BO et qui deviendra le prolifique compositeur de bandes originales de films d’horreur et le collaborateur régulier de Brian De Palma) pour faire monter l’angoisse, le rythme lent, l’accent sur la psychologie des personnages, la question de la folie ou non du personnage principal, le fait de ne jamais basculer dans le surnaturel et de n’avoir pas recours aux procédés typiques des films d’horreur,…

Nicolas Roeg, à l’époque au début de sa carrière de réalisateur (il s’agissait de son troisième long) prouve encore ici son sens visuel (il est fort à parier que de quelques images du film continueront à vous hanter pendant longtemps). Les couleurs des ruelles de Venise suffisent à vous donner froid dans le dos. Aisance visuelle qui n’est guère étonnante si on se souvient que Roeg à commencé sa carrière au cinéma comme cameraman puis à la photo (il a notamment travaillé avec David Lean sur « Lawrence of Arabia » et « Doctor Zhivago ») et a été le chef op de Truffaut sur son unique film anglais (Fahrenheit 451) et de Richard Lester (Petulia), deux films avec Julie Christie (cette dernière était également présente bien entendu au casting de « Doctor Zhivago »).

Julie Christie est d’ailleurs très bien dans « Don’t look now », même si son personnage se trouve un peu en retrait par rapport à celui du mari brillamment incarné par Donald Sutherland  qui livre ici une composition presque à la hauteur de celle qu’il donne dans le fabuleux « The Day of the Locus » (Le Jour du Fléau, 1975) du grand John Schlesinger.

Enfin notons que l’histoire est tirée d’une nouvelle de l’écrivain anglais Daphne Du Maurier, un peu oubliée aujourd’hui mais dont l’oeuvre a largement été adaptée au cinéma, plusieurs fois par Hitchcock (L’auberge de La Jamaïque, Rebecca et Les Oiseaux).

 Blu-ray Potemkine Films. Version originale sous-titrée en français et version française. Bonus : Entretien avec le critique Jean-Baptiste Thoret (29′)