Biopic:
John Boulting

Reviewed by:
Rating:
3
On 17 novembre 2013
Last modified:18 avril 2018

Summary:

Un biopic fantaisiste mais intéressant d'un pionnier oublié du cinéma, sublimé par un casting all star et la photo de Cardiff.

Un biopic fantaisiste mais intéressant d’un pionnier oublié du cinéma, sublimé par un casting all star et la photo de Cardiff.

Magic box (1951) de John Boulting

The Magic Box (1951)

(La boite magique)

Réalisé par John Boulting

Ecrit par Eric Ambler d’après la biographie de Ray Allister

Avec Robert Donat, Maria Schell, Renée Asherson, Richard Attenborough, Laurence Olivier, Bernard Miles,…

Directeur de la photographie : Jack Cardiff

Produit par Ronald Neame

Historique

118 mn

UK

 

William Friese-Greene, ancien photographe, est l’un des inventeurs du cinéma. Mais contrairement à d’autres précurseurs comme Edison ou les frères Lumière, il fera partie des grands oubliés de l’histoire, et mourra oublié de tous.

Magic BoxLe film de John Boulting a été financé par le gouvernement britannique dans le cadre du Festival of Britain, une grande manifestation organisée en 1951 à travers le pays pour promouvoir la contribution britannique au progrès et commémorer le centenaire de l’expo universelle de 1851. L’idée fondatrice était de rendre aux britanniques une fierté nationale mise à mal par les années de Blitz et de tourner les esprits vers le futur.

Et le cinéma national est un bon sujet, emblématique. Mais également à double tranchant. L’apport de la Grande-Bretagne au cinéma a souvent été mis à mal. Le gouvernement comme l’industrie n’ont pas toujours su prendre les bonnes décisions pour éviter les crises, dont la première en date est mentionnée justement dans le film (ironiquement Friese-Greene, oublié par tous, mourra lors d’un congrès de l’industrie cinématographique à Londres qui avait pour mission de discuter de l’état de crise dans lequel se trouve alors le cinéma britannique).

Le scénariste Eric Ambler (« The Passionate Friends » pour Lean ou encore « The Way Ahead » pour Reed) s’appuie ici sur la biographie « Friese-Greene, Close-Up of an Inventor » de Ray Allister. Problème, l’ouvrage en question a été largement remis en cause pour ses inexactitudes. Et vu que le film en livre a priori une adaptation romancée, on peut se permettre de ne pas trop prendre « The Magic Box » au sérieux  côté vraisemblance historique.

Et de fait, le film de John Boulting nous livre le portrait (un peu trop) pathétique d’un inventeur fou qui mettra en danger plus d’une fois ses enfants et sa famille pour aller au bout de ses rêves. On voit ainsi les femmes de sa vie se sacrifier pour lui… jusqu’à la mort pour la première. Sa seconde femme sera un peu plus dégourdie : quand ses enfants encore mineurs s’engageront pour aller participer à la grande guerre afin de les soulager financièrement, elle mettra le holà !

« The Magic box » sombre à de nombreuses reprises dans les tares les plus indigestes du mélo hollywoodien.

Pourtant il y a de nombreuses choses à sauver dans ce film. D’abord la réalisation solide de Boulting, qui en racontant le film par flashbacks, essaie tant bien que mal d’éviter la lourdeur de la narration chronologique typique aux biopics.

De plus, quelques scènes sont vraiment très chouettes. Ainsi quand William Friese-Greene montre pour la première fois son invention à un gendarme rustre trouvé dans la rue (et incarné par Laurence Olivier). Ou alors le discours final de Friese-Greene devant une assemblée de professionnels peu disposés à l’écouter (tiens encore un classique du mélo sauce hollywoodienne). Mais ici cette scène est ironiquement tintée d’une connotation critique envers les pontes de l’industrie cinématographique des années 50.

Ecoutons ce qu’en dit Francis Rousselet dans son très bon petit livre sur les frères Boulting :

« .. le vieux William Friese-Greene vient délivrer, pour les réconcilier tous, un ultime message de soumission modeste au pouvoir du cinéma, dont ils ne sauraient être que les humbles serviteurs. Il est difficile de ne pas interpréter ce message comme le message personnel des Boulting à l’ensemble de la profession et notamment aux deux grands trusts britanniques qui visaient dans les années 50 à s’accaparer l’ensemble du marché : production des films et exploitation des salles du pays. »

Rien que pour ce passage, « The Magic box » mérite une bonne place dans l’histoire du cinéma britannique. Enfin, saluons le casting all star (conduit par Robert Donat dont la performance rappelle celle mythique de « Goodbye Mr Chips« ) et les très belles images signées par l’immense Jack Cardiff (qui ont fortement marqué Martin Scorcese). A noter d’ailleurs sur ce point que le film mériterait un vrai travail de rénovation – comme d’ailleurs le prouve cette vidéo test publiée sur Viméo.

« The Magic box » a été un bide au box office. Il est arrivé sur les écrans à la fin du festival, alors que le gouvernement de Churchill tentait d’enterrer le « Festival of Britain » qui était vu comme l’oeuvre du gouvernement travailliste d’Attlee !

Le film, comme son héros, n’ont pas eu le sort qu’ils méritaient. Un film à re-découvrir si vous n’êtes pas allergique à son aspect mélodramatique !

DVD Optimum, Zone 2 Uk. Collection « Boutling Brothers ». Version originale sans sous-titres.  Aucun bonus.

[amazon_link asins=’B000N3T2N0′ template=’ProductAd’ store=’cinemaderien-21′ marketplace=’FR’ link_id=’655e7d68-4361-11e8-b18c-c54d40e86ef9′]