Crime:
John Mackenzie

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5
On 29 octobre 2011
Last modified:27 octobre 2017

Summary:

L'un des meilleurs films de gangster britanniques, signé John Mackenzie, avec un Bob Hoskins impérial. A voir absolument.

L’un des meilleurs films de gangster britannique, signé John Mackenzie, avec un Bob Hoskins impérial. A voir absolument.

the long good friday

The Long Good Friday (1980)

(Racket / Du sang sur la Tamise)

Réalisé par John Mackenzie

Ecrit par Barrie Keeffe

Avec Bob Hoskins, Helen Mirren, Eddie Constantine et Dave King

Directeur de la photographie : Phil Meheux

Produit par Barry Hanson pour Handmade Films

114 mn

UK

Harold (Bob Hoskins) règne sur la pègre londonienne depuis dix ans, et est sur le point de couronner sa carrière en concluant le plus gros contrat de son règne. Un contrat de réhabilitation des docks londoniens, pour lequel il s’est assuré l’appui des huiles politiques et policières de la ville. Afin de supporter la démesure du projet, Harold a fait venir Charlie (Eddie Constantine) un ponte de la mafia américaine pour l’appuyer financièrement sur le projet. Mais le jour J, vendredi saint, une attaque de grande ampleur et en règle est déclenchée contre Harold. Scandalisé par l’attaque, Harold est bien décidé à trouver le coupable.

 

The long good friday / RacketBien que quelque peu oublié aujourd’hui, « The Long Good Friday » est sans nul doute l’un des plus grands films britanniques de gangster. Le film est ancré dans son époque et annonciateur des mutations à venir de la société britannique. A l’aube du tatchérisme, le chef du banditisme londonien Harold est presque un entrepreneur comme les autres qui a gagné ses galons de respectabilité en offrant à Londres la paix dans la guerre des gangs, et ayant eu le nez creux, est sur le point de devenir l’un des plus grands hommes d’affaire du pays. Mais finalement sa chute va venir d’une origine complètement inattendue.

Le film montre un nouveau paysage où les criminels classiques sont supplantés par une nouvelle forme de criminalité toute aussi violente mais d’un tout autre ordre.

On y voit aussi une Angleterre délaissée et méprisée par les jeunes Etats-Unis, pays sans passé mais avec un avenir, qui décide de laisser la vieille île faire face seule à ses démons.

Comme l’explique Charlie le mafieux américain (interprété par Eddie Constantine) :

« Ce pays est une source de risque plus importante que Cuba ne l’a jamais été. C’est une république bananière. »

Ce à quoi un Harold furieux répondra :

« Je suis à la recherche de quelqu’un qui peut contribuer à ce que l’Angleterre  a donné au monde : de la culture, de la sophistication, du génie. Un peu plus qu’un hot dog, vous pigez? »

Littéralement porté par la performance d’un Bob Hoskins inoubliable, appuyé par une Helen Mirren formidable (dont le personnage est bien éloigné des caricatures de femmes de gangster passives et sans personnalité), le film atteint une dimension de drame shakespearien dans sa dernière partie.

Le réalisateur écossais John Mackenzie, qui a été formé à la télévision, notamment avec Ken Loach sur le légendaire « Cathy Come Home » (BBC, 1966), signe ici son plus grand film, notamment grâce à un script très intelligent et très bien écrit de l’ex-journaliste Barrie Keeffe qui s’est inspiré de sa connaissance des bas fonds londoniens pour rédiger un script très crédible (le personnage central est notamment inspiré des célèbres frères Kray qui ont dominé la pègre londonienne dans les années 50 et 60).

Pour la petite histoire, le film avait été financé par la société de production de Lew Grade, célèbre producteur de télévision (à qui on doit notamment « Le Prisonnier », « Thunderbirds » ou « Amicalement vôtre »). Mais l’équipe de Grade a soudainement reculé devant l’aspect « non patriote » du film et a voulu réduire  « The Long Good Friday » à un téléfilm de 80 mn expurgé de ses connotations politiques. Pendant un an la guerre a faire rage entre le réalisateur et les producteurs. C’est le rachat de « The Long Good Friday » par Handmade Films (la société de production co-dirigée par le Beatles George Harrison et fondée pour financer « The life of Brian ») qui permit au film de finalement sortir en salles, en version non expurgée.

Enfin, ceux qui ont un oeil aiguisé parviendront surement à reconnaitre un tout jeune Pierce Brosnan qui signait ici sa première apparition au cinéma.

PS : A noter que ce film indispensable est depuis 2015 disponible en DVD FR chez M6 vidéo sous le nom de « Du sang sur la Tamise ».

DVD zone 2 FR. Studio M6 Video (2015). Version originale sous-titrée en français et version française.