Review of: The Criminal
Crime:
Joseph Losey

Reviewed by:
Rating:
3
On 25 août 2013
Last modified:11 octobre 2015

Summary:

On reste dans le polar très classique avec "The Criminal" (1960). La description du système carcéral pouvait paraître audacieuse à l'époque mais le film a mal vieilli.

On reste dans le polar très classique avec « The Criminal » (1960). La description du système carcéral pouvait paraître audacieuse à l’époque mais le film a mal vieilli.

The Criminal (1960) Losey

The Criminal (1960)

(Les criminels)

Réalisé par Joseph Losey

Ecrit par Alun Owen

Avec Stanley Baker, Sam Wanamaker, Grégoire Aslan, Jill Bennett,…

Directeur de la photographie : Robert Krasker

Produit par Jack Greenwood pour Merton Park Studios

Crime

97 mn

UK

Johnny Bannion (Stanley Baker) a passé ses trois dernières années de prison à mettre au point le plus gros vol de sa carrière. À sa sortie de prison, il met son plan à exécution. Il enterre l’argent dans un champ, mais il est arrêté avant qu’il ait pu révéler la cachette à ses complices…

Stanley Baker  et Joseph Losey avaient sympathisé sur le tournage de « Chance Meeting » (1959). On les retrouve l’année suivante sur un film plus ambitieux dont le scénario est signé Alun Owen, alors scénariste débutant (et qui fera par la suite une carrière remarquée à la télévision britannique).

Les films sur le système carcéral n’étaient pas monnaie courante en Grande Bretagne à l’époque. Et pour les deux tiers, »The Criminal » se déroule entre les quatre murs de la prison. On voit bien que Losey essaie de donner un aperçu le plus réaliste possible du système. La prison est montrée comme un monde à part entière, avec ses règles, ses hommes forts et ses victimes. Les gardiens sont corruptibles, un des prisonniers à la main mise sur le commerce,…

Le film était sûrement à l’époque considéré comme un film très violent (l’affiche du film prétendait qu’il s’agissait du « film le plus dur jamais réalisé en Grande Bretagne »). Aujourd’hui la description du système carcéral, qui se voudrait dure et réaliste, parait presque désuète et édulcorée.

Quand Baker sort enfin de prison, c’est pour mettre en oeuvre un plan qui lui permettra de récupérer 40.000 £. Une fête est organisée à sa sortie, mais lui a du mal à se ré-adapter à la vie normale. Il traite les gens autour de lui brutalement comme s’il était encore le caïd mais les forces ont changé pendant qu’il était en prison. Et une fois le coup réalisé, il est dénoncé, et six semaines à peine après sa sortie de prison, il retourne à la case départ.  Sauf que cette fois-ci, les forces ont également changé à l’intérieur de la prison, et que ses ex-complices sont bien décidés à mettre la main sur les 40.000£ quitte à organiser son évasion.

Même si le personnage joué par Baker est intéressant, le scénario manque d’une structure forte et d’un vrai suspense pour rendre intéressant son destin. De façon surprenante, l’opération de cambriolage sur un hippodrome est expédié en quelques images ! La réalisation de Losey (qui n’a jamais voulu trop appuyé sur la violence physique et préfère jouer du psychologique) parait ici un peu fade. Et à part quelques très bonnes idées de mise en scène (notamment la scène finale), et une belle composition de Baker, « The Criminal » a du mal à dépasser le statut de film criminel assez basique. J’avoue que personnellement j’ai un peu de mal avec ce polar noir très « fifties » et qui paraît déjà un peu vieillot pour un film de 1960.

« The Criminal », qui était sorti en Angleterre la même semaine que « Saturday Night and Sunday Morning » de Karel Reisz, est passé quelque peu inaperçu. On comprend pourquoi! Il n’en fut pas de même en France où « The Criminal » aida à confirmer le statut de Losey d’auteur à part entière auprès des jeunes turcs de la Nouvelle Vague.

Sa production suivante sera d’ailleurs italo-française « Eva » et aura pour héroïne Jeanne Moreau qui tournait à l’époque avec Truffaut (Jules et Jim) et Antonioni (La Nuit). Stanley Baker sera encore de la partie dans un rôle sortant un peu des sentiers battus. Le résultat est déjà nettement plus intéressant.

Heureusement pour le cinéma britannique, il fera ensuite son retour sur le territoire britannique pour signer « The Damned » et surtout « The Servant ».

[xrr rating=6/10]

DVD Studio Canal. Version originale sous titrée en français. Bonus : trailer, documentaire « Joseph Losey et les criminels », affiche et photos