Drame:
Ewald André Dupont

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3
On 15 décembre 2011
Last modified:28 octobre 2017

Summary:

Le film ne brille pas par ses audaces, on pourrait même le traiter de conventionnel, si le film n'irradiait pas de la présence d'Anna May Wong.

Piccadilly 1929 Anna May Wong

Piccadilly (1929)

Réalisé par Ewald André Dupont

Ecrit par Arnold Bennett

Avec Anna May Wong, Jameson Thomas, Gilda Gray, Charles Laughton

Directeur de la photographie : Werner Brandes

Produit par British International Pictures

Drame

Durée 109 mn

UK

Mabel et Vic forment un couple vedette de danseurs dans un cabaret à la mode le Picadilly Club. Quand Vic est mis dehors par le patron du cabaret Valentine Wilmot, jaloux des libertés que Vic prend avec Mabel, le club perd des clients. Valentine a alors l’idée de faire appel à Shosho, une jeune chinoise qui faisait la plonge et qu’il a justement licencié peu de temps auparavant pour avoir dansé et ainsi perturbé l’ordre dans les cuisines.

 

Picadilly1929« Piccadilly » (1929) fait partie de ces films muets redécouverts dans les années 2000 quand les britanniques ont commencé à se rendre compte qu’ils avaient eux aussi un patrimoine cinématographique notable datant de l’époque du muet. « Piccadilly » a bénéficié en 2005 d’une restauration commandée par le British Film Institute et est sorti cette même année en DVD.

Ce film est (déjà) un exemple de tentative de résistance du cinéma britannique au rouleau compresseur américain. Grosse production avec des costumes et décors riches en détail, une histoire pleine de passions, une star américaine confirmée (Anna May Wong), un réalisateur allemand EA Dupont qui connait son sujet (il a tourné l’année auparavant un film sur un autre cabaret bien connu « Le Moulin rouge »)…

Le film ne brille pas par ses audaces, on pourrait même le traiter de conventionnel, s’il n’irradiait pas de la présence d’Anna May Wong, qui arrive à donner une ambiguïté quasi satanique à son personnage. Le film aurait pu traiter le sujet du racisme de façon plus frontale (ici juste induit par une scène où une femme blanche se fait violemment expulser d’un bar populaire pour avoir danser avec un noir – reflet de ce qui risque d’arriver à Shosho et Valentine s’ils tentent de vivre leur amourette au grand jour). Le film ne prend d’ailleurs pas position, et même semble donner raison aux préjugés raciaux que ce soit par son final ou plus globalement par le comportement ambigu voire inquiétant de Shosho et de son ami. Le film est bien évidemment à remettre ici dans le contexte de l’époque (la scène du baiser entre Valentine et Shosho a d’ailleurs été censurée aux USA).

On a droit à des belles scènes, filmées avec une grande maîtrise par EA Dupont, mais on pourra aussi reprocher au film son final décevant, et des longueurs, notamment dans les scènes de procès (rapidement ennuyeuses et visuellement pauvres).

En dépit de ces réserves, le film reste très agréable grâce à ses acteurs et la richesse des détails dans certaines scènes. Ceux notamment qui veulent découvrir le Londres des années folles ne seront pas déçus.

A noter pour les curieux, la première apparition de Charles Laugthon dans un long métrage.

(J’ai pu voir ce film dans le cadre du cycle London Calling en décembre 2011 au Forum des Images. La projection du film était accompagnée au piano par Jacky Delance).

DVD BFI Video (2004).