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3
On 16 septembre 2013
Last modified:12 mars 2023

Summary:

Une série policière efficace mais peu vraisemblable transcendée par l'interprétation d'Idris Elba qui campe un John Luther épique.

Une série policière efficace mais peu vraisemblable transcendée par l’interprétation d’Idris Elba qui campe un John Luther épique.

Luther (Idris Elba)

Luther (2010-13)

Créée et écrite par Neil Cross

Réalisée par Sam Miller, Brian Kirk, Stefan Schwartz et Farren Blackburn

Avec Idris Elba, Warren Brown, Ruth Wilson, Paul McGann, Indira Varma,…

14 épisodes de 60mn

BBC One

UK

Le détective John Luther (Idris Elba) est un commissaire très doué mais obsessionnel et violent. Ré-intégré de justesse dans la police, après avoir laissé un pédophile faire une chute d’une dizaine de mètres, il doit lutter pour retrouver la confiance de ses supérieurs, et récupérer son épouse Zoe qui l’a quitté.

« Luther » a fait l’effet d’un tremblement de terre à la télévision britannique lors de la diffusion des six premiers épisodes en 2010. Quatre autres épisodes suivront en 2011, puis quatre derniers en 2013, clôturant la série.

Le créateur de la série Neil Cross a écrit lui-même les 14 épisodes, fait assez classique à la télévision UK pour les mini séries d’auteur. Car « Luther » affiche de suite l’ambition de n’être pas une série criminelle comme les autres.

La série se veut très dure. John Luther lui-même n’est pas un héros classique. Ses méthodes non conventionnelles et sa violence, pas toujours refoulée (loin s’en faut), laissent apparaître un personnage torturé, toujours sur le fil du rasoir. Dans ses enquêtes, il doit faire face à des serial killers qui voient souvent en lui quelqu’un d’assez proche. Un trait sur lequel Neil Cross insiste (un peu lourdement). Dès le premier épisode, Luther rencontre Alice Morgan, un génie dépourvu d’émotion qu a tué ses propres parents, et développe une obsession pour Luther. Une relation étrange s’installe alors entre les deux basée essentiellement sur une fascination réciproque.

Parallèlement, Luther doit gérer sa relation avec sa femme qui l’a quitté mais dont il est toujours amoureux. Et il a un peu de mal à gérer ses crises de violence provoquées par son incompréhension et sa frustration.

En 14 épisodes, Luther va devoir faire face à un nombre assez incroyable de mésaventures avec la mort et la trahison toujours en toile de fond. Et c’est peut-être là le talon d’Achille de Luther. Car, à force, ça tourne au procédé mécanique, et la série perd une bonne part de sa crédibilité.

Il arrive trop souvent qu’on se pose la question de savoir comment telle situation est possible, ou de s’interroger sur le comportement de tel personnage, qui certes permettent d’ajouter un petit twist scénaristique intéressant, mais qui s’avèrent très peu réalistes.

Autre faiblesse, la série, malgré son ambition, est au final très classique et mécanique. Chaque fois, une scène d’introduction présente un crime, qui se révèle le premier d’une série, et que Luther devra résoudre. Notre héros devra mener l’enquête, tout en gérant sa vie personnelle, en luttant contre les menaces de mise à pied de sa hiérarchie et en protégeant une tierce personne en danger de mort (sa femme dans la 1ère saison, une jeune paumée dans la 2nde, et sa nouvelle petite amie dans la 3e).

Le personnage de George Stark (dans la 3e saison) est à ce titre un condensé de toutes les faiblesses de la série. Il s’agit d’un détective qui veut arrêter Luther (comme le détective Schenk dans la première saison, et Erin Gray dans la seconde). Et dont l’obsession tourne à la vendetta personnelle. Stark est tout à fait irréaliste, voire ridicule tellement qu’il est improbable.

En fait le vrai coup de génie de la série réside dans son casting et principalement celui de son héros. Idris Elba transcende le rôle de John Luther, et en fait l’un des personnages de fiction télé les plus marquants de ces dernières années. L’acteur, également rappeur, s’était déjà fait remarqué dans la mythique série américaine « The Wire » (Sur écoute, 2002-04). La personne qui l’a casté dans le rôle de Luther mérite toutes les éloges, car elle a permis à la série d’être à la hauteur de son ambition, celle devenir l’une des séries télé britanniques les plus marquantes de ces dernières années.

Une petite note également pour souligner l’importance dans la série du personnage d’Alice Morgan, très bien interprété par Ruth Wilson. Personnellement ce personnage me fait un peu grincer des dents, mais elle ajoute du piment aux aventures de Luther. Elle devrait d’ailleurs peut-être bénéficier de sa propre série.

Quant à Luther, selon son créateur et son acteur principal, il pourrait bien revenir parmi nous, mais cette fois-ci sur grand écran. En espérant que d’ici là, Neil Cross aura revu un peu ses techniques scénaristiques.

DVD Studio Canal. Version française et version originale sous titrée en français.